Visiter Istanbul : le Bosphore

Venir à Istanbul et louper les quartiers du Bosphore serait vraiment dommage, beaucoup de touristes ne font qu’un tour en bateau sur le détroit, et malheureusement pour eux, ils ratent la magie de tous les quartiers qui le bordent. C’est une chance pour nous, locaux, qu’ils ne soient pas encore pris d’assaut par les touristes car il y demeure encore un air authentique et magique.

Le Bosphore est un détroit de 42 km de long connectant la Mer de Marmara (au sud) et la Mer Noire (au nord), et il sépare la ville d’Istanbul en deux parties, mais aussi l’Europe et l’Asie. Plus de 50 000 bateaux le traversent chaque année, sans compter le rythme incessant des ferrys faisant l’aller-retour entre les deux rives. On estime aussi à plus d’un million le nombre de personnes passant d’une rive à l’autre chaque jour. Trois ponts suspendus l’enjambent, et un tunnel de métro (Marmaray) passe sous ses eaux.

La plupart des guides touristiques s’arrêtent au quartier d’Ortaköy, situé juste avant le premier pont, en occultant les autres quartiers dans lesquels les Stambouliotes et particulièrement la classe aisée réside. Le détroit forme une sorte d’oasis boisée dans la jungle urbaine et constitue un véritable havre de paix dans la ville. Un petit déjeuner, dîner, apéro ou même faire la fête au bord du Bosphore n’est à manquer sous aucun prétexte !

Avant de vous parler des principaux quartiers que vous trouverez sur la rive européenne du Bosphore, nous vous conseillons pendant votre séjour de visiter le palais de Dolmabahçe. Construit au milieu du 19e siècle car le Sultan trouvait que le palais de Topkapı, situé dans la vielle ville, était trop médiéval et rustique en comparaison des palais européens de l’époque. Il décida alors de se faire construire un nouveau palais plus moderne sur les rives du Bosphore. Les rives du détroit deviennent alors le centre administratif de l’Empire ottoman de 1853 à 1922, et c’est le début de l’urbanisation des petits villages qui le bordent. Le palais devint par la suite la résidence principale d’Atatürk (Mustafa Kemal, fondateur de la République), il y meurt le 10 novembre 1938 à 9h05, c’est pour cela que beaucoup d’horloges du palais sont réglées sur 9h05. Le palais à une superficie de 45 000 m², 285 pièces, 6 hammams et 68 toilettes ! C’est le plus grand palais en Turquie. L’entrée du palais et du harem coûte 1050 TL. La visite est obligatoirement effectuée avec un guide. Prévoir environ 2 heures. Il est ouvert de 9h à 17h, et c’est fermé aux visiteurs le lundi.

Après ce petit interlude sur l’un des plus beaux palais de Turquie, voici une petite présentation des principaux quartiers du Bosphore :

BEŞİKTAŞ

En remontant la grande avenue à côté du palais, vous arrivez au quartier de Beşiktaş. Bien qu’il n’ait pas d’accès direct sur la mer, c’est un quartier étudiant très agréable grouillant de monde de jour comme de nuit. Autrefois la résidence du personnel travaillant à Dolmabahçe, c’est aujourd’hui le fief des supporters du club portant le même nom. Pour découvrir ce quartier riche en couleurs et en saveurs, nous organisons des visites du quartier, pour plus d’infos : promenade culinaire et culturelle sur deux continents

ORTAKÖY

Après le quartier de Beşiktaş, en remontant la route du bord de mer, vous verrez encore de beaux palais qui sont aujourd’hui des hôtels (Kempinski et Four Seasons) avant d’arriver au quartier d’Ortaköy. C’est probablement l’un des seuls quartiers du monde possédant une mosquée, une synagogue, et une église sur moins d’un kilomètre carré. C’est aussi le quartier des boites de nuits sur le Bosphore (sortir l’été à Istanbul). Bien que de plus en plus touristique, le petit port est charmant. Ne manquez pas la spécialité culinaire du quartier, le kumpir, c’est une pomme de terre garnie de légumes, d’un choix de salades, de saucisses coupées en rondelles et bien plus, au gré de vos envies. Sur le port vous avez aussi deux restaurants sympas au bord de l’eau : le House Cafe (brasserie) et Banyan (fusion asiatique). Pour boire un verre, on vous conseille le bar Hobo qui dispose d’une jolie vue.

Si vous voulez faire un tour de bateau sur le Bosphore, vous pouvez partir d’Ortaköy. Le tour dure environ une heure, et le bateau sera bien moins bondé que si vous le prenez au départ de la vieille-ville par exemple.

Après ce tour du Bosphore, vous pouvez vous rendre au quartier de Kuruçeşme. Vous pouvez aller prendre l’apéro au bord du Bosphore sur la superbe terrasse de Aşk Kahve (ils servent également de très bons brunchs).

ARNAVUTKÖY

Ancien village de pêcheurs, Arnavutköy est connu pour ses très belles maisons et immeubles ottomans en bois. Ce quartier est encore un bel exemple de la cohabitation entre les différentes communautés pendant l’Empire ottoman, avec des mosquées, églises et synagogues. Les petites ruelles du quartiers sont charmantes, et leur quiétude donnent l’impression d’être dans un petit village loin de la torpeur de la grande ville. Actuellement, ce quartier est très prisé pour ses restaurants de poissons où le tout Istanbul s’y retrouve. Les restaurants que nous préférons dans ce quartier sont, Zıpkın, Arnavutkoy Balikcisi, ou Sur Balık. Après le repas, vous pouvez vous rendre chez Any, un bar tendance du moment pour déguster un cocktail, ou notre favori, l’Alexandra Cocktaik Bar.

BEBEK

C’est sûrement l’un des quartiers les plus à la mode d’Istanbul, il y a de nombreux restaurants et bars sympas sur le bord de mer, et lors des weekends ensoleillés, le quartier devient un festival de belles voitures et de célébrités stambouliotes. Le Bebek Kahve et Mangerie sont des établissements agréables pour prendre un petit déjeuner. Les spécialités du quartier sont les gaufres fourrées aux fruits, au chocolat, et autres sucreries, ainsi que les minis cornets de glace. Pour boire un verre, rendez vous à Lucca, c’est le bar mythique du quartier où le gratin stambouliote se retrouve, on y mange aussi très bien. Vous trouverez aussi les terrasses au bord de l’eau, du Chilai ou du Bebek Hotel, qui sont parfaites pour un apéro au coucher du soleil. La brasserie Taps propose un grand choix de bières locales et internationales. Ne manquez pas de faire un tour à Bebek, c’est un quartier qui reste local, très loin des clichés orientalistes de Sultanahmet, et son art de vivre en fait l’un des quartiers les plus agréables d’Istanbul.

RUMELİ HİSARI

Plus haut que Bebek, sous le deuxième pont du Bosphore vous avez la forteresse de Rumeli Hisari, c’est le plus vieux monument ottoman d’Istanbul. Elle a été construite par le Sultan ottoman Mehmed II le Conquérant (1432-1481) entre 1451 et 1452 avant la conquête de Constantinople. C’est aussi un endroit très agréable pour prendre un petit déjeuner, voir notre article sur les petits déjeuners turcs.

EMİRGAN

C’est un quartier local peu connu des toursites qui mérite le détour. En plus d’être très charmant, il abrite le musée Sakıp Sabancı, le musée de la fondation d’une des familles les plus riches de Turquie. Il a accueilli entre autres les collections Pablo Picasso, Rodin, Anish Kapoor, Juan Miro, et même la Joconde. C’est un musée qui revient souvent dans nos articles : concerts et expos du moment. À côté de ce musée, se trouve le parc d’Emirgan (Emirgan Parkı), d’une superficie de 5 km², c’est l’un des plus grands et beaux parcs d’Istanbul, un très bon endroit pour aller respirer un peu d’air pur. Chaque printemps, un somptueux festival de la tulipe est organisé. Pour prendre un brunch, rendez-vous à Sütiş, et pour prendre un verre, nous vous conseillons https://www.instagram.com/laboom_emirgan/?hl=fr. Il y a également un petit cabaret caché à l’intérieur de la pizza Emirgan qui s’appelle Gizli Kalsın, si vous pensez que vous avez une chance d’y rentrer, ça vaut le coup d’essayer un soir.

YENİKÖY ET TARABYA

Plus au nord, une fois passé le quartier d’Emirgan et la marina d’İstinye, vous arrivez dans l’univers luxueux et calme des quartiers de Yeniköy et Tarabya. Ici, les maisons du bord de l’eau s’achètent et se revendent à des dizaines de millions d’euros. Pour l’anecdote, ce sont les quartiers les plus chers sur le Monopoly d’Istanbul, et l’une des maisons y a été vendue en 2015 à 100 million de dollars. De la rue on ne voit pas grand-chose, et les bateaux touristiques ne remontent pas jusqu’à Yeniköy. Le meilleur moyen pour admirer ces splendides demeures est de louer un bateau : promenade privée sur le bosphore.

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