Comprendre l’histoire d’Istanbul et de ses empires passés
Si Istanbul n’est pas la capitale de la Turquie moderne, elle a été la capitale de trois Empires : byzantin, romain et ottoman. Peu de villes dans le monde ont connu un tel rayonnement à travers l’histoire. En 1923 lors de la création de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, qui voulait en finir avec six siècles d’Empire ottoman, décida de transférer le pouvoir politique et législatif à Ankara. Aujourd’hui, après 90 années de déclin, Istanbul a regagné son prestige international, elle sera en 2025 parmi les 15 villes les plus riches au monde, son économie représente 27% du PIB national de la Turquie, elle-même la 16e économie mondiale. Istanbul attire, elle est visitée par des millions de touristes chaque, faisant d’elle la 5e destination touristique mondiale. Toutes les grandes chaines et groupes mondiaux y sont présents, c’est l’une des villes connaissant la plus grande croissance économique du moment. La hauteur des immeubles des quartiers d’affaires contraste avec la vieille-ville et les yalı (ces prestigieuses demeures en bois datant de l’Empire ottoman) du Bosphore inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Istanbul a tous les atouts pour devenir une capitale internationale dans le futur, mais pour comprendre cette mégalopole en profondeur, il est important de se pencher sur son passé.
Un peu d’histoire
L’époque byzantine :
Au 7e siècle avant J-C, des colons grecs de Megara conduits par le roi Byzas fondent Byzantion (Byzance). Selon la légende, le roi Byzas aurait consulté l’oracle de Delphes qui lui aurait conseillé de créer sa ville en face de « ceux qui ne voient pas ». En arrivant dans la zone d’Istanbul, ils découvrirent le village de Chalcédoine (aujourd’hui Kadıköy) sur la rive asiatique de la Mer de Marmara. La situation géographique de Chalcédoine, en retrait de la presqu’île contrôlant l’entrée du détroit du Bosphore et de la Corne d’Or amena Byzas et ses hommes à se dire que les Chalcédoniens étaient aveugles. Ils créèrent donc leur cité sur la péninsule de Sarayburnu ou de Seraglio qui est aujourd’hui le quartier de Sultanahmet. Cet emplacement stratégique, permettant de contrôler le trafic maritime entre la Mer Égée et la Mer Noire, ainsi que la route de la soie et le trafic de marchandises entre l’Europe et l’Asie, permit tout de suite à Byzance de se développer et de devenir un important centre commercial.
En 513 avant J-C, Athènes et Spartes se disputent l’alliance avec Byzance, alors l’entrepôt du monde grec. Comme à cette époque la région du Bosphore était le verrou par où passât le blé, le miel, le cuir, les esclaves et la cire, le roi des Perses, Darius conquit la ville et mit à mal la domination des Grecs sur la région en les coupant de leurs provisions. Les Grecs reconquirent la ville, et s’ensuivirent des années de guerre entre les Athéniens, les Spartiates et les autres cités pour sa domination. Sous le règne d’Alexandre, les soldats byzantins se défendirent victorieusement de l’attaque macédonienne et regagnèrent alors leur indépendance.
L’époque romaine :
La Grèce passe sous la tutelle de Rome et Byzance également, mais elle conserve un statut indépendant. En 192, après l’assassinat de l’Empereur Commode par son esclave Narcisse, les Byzantins prirent le parti de soutenir Prescennius Niger contre Septime Sévère. Pour se venger, Septime Sévère assiégea la cité pendant trois ans. Elle finit par se rendre et ce dernier la laissa dans un état de ruine. Par la suite, il décida de lever la punition de Byzance et y construisit de beaux monuments comme l’hippodrome, le palais et les thermes. Il entoura aussi la ville de nouveaux remparts. En 324, Constantin, l’Empereur chrétien de l’Empire romain, décida de transférer sa capitale de Rome à Byzance. Il lui donne alors le nom de Néa Roma (nouvelle Rome), et il y fit ériger un palais, un forum, des thermes, la première Basilique de Sainte-Sophie et décida d’enclore les sept collines de la ville dans une muraille (comme Rome). La cité fut bâtie en seulement 6 ans. En 395 l’Empire romain se divisa en deux et la capitale de l’Empire romain d’Orient fut renommée Constantinopolis (Constantinople).
Jusqu’au 6e siècle, la ville connaît une expansion considérable mais sous le règne de Justinien, une révolte éclate : la révolte de Nika (Révolte de Nika) et la ville fut brulée. Justinien reconstruit ensuite la ville détruite et décida de rénover la Basilique Sainte-Sophie d’une manière majestueuse. Pour ce, il utilisa les colonnes du temple d’Artémis d’Éphèse, du marbre d’Égypte et des pierres de Syrie. Le chantier se finit en 537. S’ensuivent ensuite 5 siècles de prospérité ou la ville ainsi que l’Empire byzantin résistèrent aux invasions Arabes, Perses, Mongols et Vikings.
En 1204, les croisés s’emparent de la ville lors du deuxième siège de Constantinople. Ils mettent à sac la cité, massacrent les habitants et ramassent un butin considérable. L’Empire byzantin se scinde en trois et perd définitivement ses ressources au profit des Génois et des Vénitiens. Huit cents ans après la quatrième croisade et le siège de Constantinople, le pape Jean-Paul II a exprimé sa douleur et demandé le pardon à Christodule 1er, l’archevêque d’Athènes et Bartholomée, le patriarche de Constantinople pour les terribles massacres perpétrés lors de ces événements. En 1261 les forces de Michel VIII Paléologue reprennent la ville avec l’aide de la marine genoise. La ville est détériorée et il faut la reconstruire. L’Empereur donne aux Génois un des faubourgs de Constantinople, Pera, où ils érigèrent en 1348 la tour de Galata.
L’époque ottomane :
Au 15e siècle, les Turcs Ottomans ayant conquis l’Asie Mineure et les Balkans, encerclent l’Empire byzantin. Les Ottomans, dirigés par le jeune sultan Mehmet le Conquérant (Fatih Sultan Mehmet) construisent des châteaux forts sur le Bosphore pour contrôler le détroit et empêcher une flotte ennemie d’y passer. Le 28 mai 1453, au bout de 2 années de siège, l’assaut final est lancé. Les musulmans s’emparent de Constantinople et marquent la fin de l’Empire byzantin et donc la fin de l’Empire romain. L’arrivée des intellectuels byzantins en Italie à la suite de la conquête de Constantinople est souvent perçue comme étant précurseur de la fin du Moyen Âge et marquant le début de la renaissance.
Le 29 mai 1453, la ville est déclarée capitale de l’Empire ottoman. Immédiatement après avoir pris possession de la ville, ces derniers entreprennent un grand nombre de travaux. Ils transforment l’église de Sainte-Sophie en mosquée, et construisent le palais de Topkapı (1459) et des mosquées magistrales et grandioses (la Mosquée de Soliman le Magnifique en 1558 et la Mosquée Bleue en 1668). La transformation de Sainte-Sophie est le symbole de la victoire des Ottomans et de l’islam. La ville est alors portée par un élan nouveau, et redevient une capitale à part entière dans le monde de l’art, du commerce et de l’architecture. Les sultans embellissent et restaurent la ville, notamment les citernes et les bains romains, appelés par la suite « bains turcs ». La ville possède alors un niveau de vie et d’hygiène supérieur à la moyenne européenne. Ce règne trouve son apogée lors de la période de Soliman le Magnifique qui réalisa de nombreuses œuvres avec son architecte phare Sinan, connu comme pour être le plus grand architecte de l’Empire.
Les Ottomans étaient très tolérants et respectueux des croyances des communautés. Par exemple, ils n’ont pas changé le nom de la ville lors de sa prise par respect pour l’empereur Constantin. Pendant leur règne, Constantinople était cosmopolite, c’était un véritable carrefour de civilisations, de religions et un exemple de tolérance. Le système judiciaire permettait à chaque communauté de bénéficier d’un pouvoir décisionnaire sur certaines règles. Les nombreuses églises et synagogues présentes dans tout Istanbul sont la plus grande preuve de ce respect intercommunautaire.
En 1856, est construit le Palais de Dolmabahçe lors du Tanzimat, la période de réforme de l’Empire ottoman. À cette époque, les sultans s’occidentalisent et font construire des palais et des monuments de style rococo sur les bords du Bosphore. On peut dire que c’est pour Istanbul le début d’une nouvelle ère. La ville s’étend pour la première fois autour des murailles de Théodose et de Pera. Le centre administratif devient le quartier de Beşiktaş et le centre économique, Karaköy avec sa rue des banques. Le premier pont traversant la Corne d’Or, le pont de Galata est construit en 1845. En 1883 la ligne ferroviaire Paris-Istanbul, l’Orient Express est établie, connectant ainsi Constantinople aux plus grandes villes européennes.
Constantinople devient Istanbul :
En 1918, les Anglais, les Français et les Italiens occupent Constantinople après la défaite de l’Empire ottoman et de l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale. Mais le mouvement nationaliste turc, dirigé par Mustafa Kemal Atatürk, déclare la guerre aux Français, aux Anglais, au sultanat ottoman, à l’Italie, à l’Arménie et à la flotte américaine présente dans les détroits. L’armée turque gagne la guerre d’indépendance et la République laïque turque est fondée. Ankara devient la capitale, Constantinople étant encore sous protection internationale. Le dernier sultan Ottoman Mehmet IV est évacué en urgence le 17 novembre 1922 sur le navire anglais l’HMS Malaya. Après la renégociation du traité de Sèvres aboutissant au traité de Lausanne en 1923, Constantinople est rendu à la Turquie et les premières troupes turques rentrent dans la ville le 6 octobre 1923. En 1930 la ville est renommé Istanbul.
Les Grecs habitants Constantinople appelaient déjà la ville Istanbul depuis le 10e siècle. Ce nom est dérivé de la phrase grecque « eis tend Pólin » qui signifie : « dans la ville ».
La place Taksim et des grands boulevards sont creusés, en démolissant parfois des héritages historiques ottomans. Les 6 et 7 septembre 1955, à la suite d’un coup monté par le gouvernement turc annonçant la destruction de la maison d’Atatürk par les Grecs de Thessalonique, le peuple se révolte contre les minorités chrétiennes de la ville. Cet événement sombre de l’histoire d’Istanbul conduit à un échange de populations entre la Grèce et la Turquie. À partir des années 70, la ville fait face à un exode rural important et la population augmente à une vitesse incroyable. Le nombre d’habitants passe de 1 500 000 en 1950 à plus de 15 millions aujourd’hui. Pour faire face au trafic et aux déplacements urbains, deux ponts traversant le Bosphore sont construits : le Pont Du Bosphore en 1973 et le Pont Fatih Sultan Mehmet en 1988.
Le 17 aout 1999, un séisme d’une magnitude de 7,5 ayant pour épicentre la Mer de Marmara fait 17 000 morts et 300 000 sans-abris à İzmit et à Istanbul. Les sauveteurs grecs sont les premiers à venir en renfort. Comme un coup du sort, moins d’un mois plus tard, le 7 septembre 1999, Athènes est à son tour secouée par un séisme important. Les secouristes turcs sont les premiers sur les lieux. İl est alors temps pour les deux pays de tourner une page sombre longue d’une centaine d’années et d’aller de l’avant.
Istanbul de nos jours :
Depuis le début des années 2000, Istanbul est en plein boom, la croissance économique de la ville est à deux chiffres et son aura culturelle explose. La ville accueille des dizaines de foires et festivals internationaux, des universités de mieux en mieux classées, la mairie restaure le patrimoine culturel de la ville, un troisième pont sur le Bosphore et l’un des plus grands aéroports du monde sont construits, les créateurs stambouliotes deviennent de plus en plus cotés et une scène artistique reconnue mondialement s’est créée. Malgré toutes ces embellies, la jeunesse stambouliote sort dans les rues en 2013 pour dénoncer l’urbanisation sauvage et la dérive totalitaire du gouvernement. Après des mois de révoltes pacifiques, cette jeunesse dynamique et éduquée repart travailler avec pour mission d’écrire en douceur l’histoire d’Istanbul. En avril 2014, Istanbul a été élue meilleure destination au monde dans le concours « Traveller choice 2014 » par des millions d’utilisateurs du site référence Trip Advisor.
Pour aller plus en profondeur dans l’histoire d’Istanbul et de ses monuments emblématiques, nous pouvons organiser des journées « découverte des incontournables ». Pour plus d’informations contactez-nous.
- Idée de journée à Istanbul : le district de Beyoğlu (Taksim, Istiklal, Galata et Cihangir)
- Idée de journée à Istanbul : le quartier de Sultanahmet
- Promenade culinaire et culturelle sur deux continents
- Visite à la découverte des contrastes d’Istanbul : Fatih, Fener, Balat et Beyoğlu
- Musées incontournables
- Se déplacer à Istanbul
- Retour accueil
C’est une Belle histoire.
Il faut vraiment aller découvrir cette ville
J’apprécie l’histoire.
Très belle ville
Bonjour un programme de visite Istanbul top place
Bonjour nous vous avons répondu par mail, n’hésitez pas si vous avez d’autres questions et à bientôt à Istanbul!
La SOLIDARITE des secouristes grecs et turcs , évoquée dans cet article est touchante.
On se rappelle aussi l’accueil des travailleurs turcs et de leur famille dans les années 70-80
Puisse-t-elle en 2017 être un modèle pour votre pays , concernant les graves situations mondiales que vous traversez et que nous suivons , dans les médias.
Vue d’ailleurs, en dehors de » chez vous « , la Turquie actuelle reste grande et belle sans doute ( malgré la neige ! ) mais devient source d’inquiétude pour l’avenir de notre planète ?.
La géopolitique décrit, apprécie et appréciera, dans une grande HISTOIRE .
J »ai découvert la Turquie et Istanbul il y a quelque années et y ai sejourné Très souvent. Istambul est une tres belle ville, très beau pays avec des gens acceuillants Cependant, sous l’ère actuelle du gouvernement en place, qui ne reflète plus en rien les valeurs de Mustafa Kemal Atatürk, le pays a beaucoup changé et n’est plus ce qu’il était les mentalités se ferment je ne m’y rend plus.
Bonjour,
Il y a du vrai et du faux, le pays et les mentalités restent malgré tout très ouvertes, nous pouvons en discuter par mail si vous le souhaitez (info@tooistanbul.com). À bientôt!